Les branches de bois sec craquaient sous les pas de Gray et Falkios. Leur silhouette en contre-jour d'un soleil écrasant projettait au sol une ombre gigantesque, tels deux collosses dansants au grès des reliefs de la plaine de Cania.
Leur parcours ponctué de fights inattendus contre Kanis, blops et Kraks des plaines n'avaient été que pure formalité, et c'est les poches pleines de pierres et étoffes qu'ils poursuivaient leur route. Soudain, leurs sens se figèrent. L'envolée de corbacs hurlant dans un cri sarcastique confirma que quelque chose était là.
Les petits volatiles en rang serré partirent à tire d'aile, non sans avoir bien malgrè eux situé par là-même l'endroit ou devait se trouver l'origine de leur crainte. C'était là-bas, le champs de cania, dont le blé mur ondulait sous la bise telle la chevelure d'une belle promise sous l'etreinte du vent.
Et là ou tout être ordinaire aurait pris très exactement la direction opposée, Gray et Falky, sans nul besoin de se consulter, traçèrent droit vers la zone d'envol des corbacs.
Comme ils approchaient, ils se firent agresser par plusieurs maîtres bolets belliqueux et quelques végetaux plus stupides les uns que les autres. Il en arrivait de toutes part, on eût dit que mère nature s'était liguée contre eux pour ralentir leur progression ! Ils n'en firent de toute évidence qu'une bouchée, et approchèrent enfin, juste assez près pour distinguer un grognement caverneux.
Accelérant l'allure, poussés par l'apparente promesse d'un combat un peu plus consistant, ils progressaient rapidement, et le wrombissement bestial qui semblait tout proche les guida vers une zone de blé applatie. Feutrant leurs pas, ils se penchèrent le plus possible. L'oeil aux aguets, Gray fit du coude à Falky puis un signe du menton : Aucun doute, c'était bien un meulou, tapi derrière un rocher, la queue caractéristique de la créature était reconnaissable entre mille.
L'instinct sanguinaire de Falkios fut le plus fort: il se jeta sur la bête, et d'un grognement on n'entendit très vite plus qu'un gargouillis indéchiffrable.
Gray tourna la tête et ne put retenir un rire tonitruant: la vue de Falkios aux prises avec qui ce apparemment n'était autre qu'un sadi en pano meulou, hurlant aussi vigoureusement que sa paresse le lui permettait était décidement trop cocasse !
-"Damned !! Un disciple Sadi !!"
Et Dark de répondre:
-"Que mes ronces t'étranglent, tu es tombé sur le crane ou quoi!"
Gray, entre deux spasmes de fou rire, intervint:
-"Et peut-on savoir ce qu'un sadida fait là, en plein milieu des champs?"
-"He bien ca ne se voit pas non? Maître Feca a sans doute forcé sur les boucliers qu'il ne sache voir un paysan au labeur quand il en a un devant lui!! Comment vais-je avoir de quoi faire mon pain moi maintenant qu'on m'interromp en plein travai ?!"
-"Nom d'une saignée, je rêve !! En plein travail !! Voilà bien les gros Sadi tiens ! Tu ronflais à en faire trembler les collines, on t'entendait à 200 mètres!" s'ingigna Falky.
-"Assurément, tu as eu de la veine qu'on ne t'égosille pas, vêtu comme tu l'es, on t'avait pris pour un meulou !", lui dit Gray.
Légèrement confus, le sadi bredouilla quelques phrases, où il était question de ne pouvoir dormir en paix, de l'inexistante interdiction de se reposer à ce qu'il sache, et de bolets incapables qui n'avaient pas été foutus de surveiller qu'aucun intru n'approche de lui.
"Voici FALKIOS, mon ami , et je suis GRAY, de qui avons nous l'honneur d'avoir fichu la sieste en l'air?"
"On m'appelle DARK-Gillou, je me suis assis rien qu'un instant et me suis mis à réflechir et puis...."
"....et puis ça t'a épuisé !! Allez, te fatigue pas va, on a compris! Mais prend garde quand même, d'autres que nous t'auraient tué sans hesiter avant même que tu ne t'en rendes compte"
Gillou dût admettre que se remettre à l'exercice ferait le plus grand bien à sa puissante masse musculaire.
Alors, Mr GRAY, qui avait vu en lui un énorme potentiel guerrier, lui proposa de les suivre, afin de se battr à leurs cotés. Dark cracha le brin de blé qu'il avait entre les dents, sourit d'une oreille à l'autre, et accepta avec un enthousiasme non dissimulé.
Ils étaient désormais trois pour affronter l'inconnu, trois pour parcourir ce monde, trois pour accomplir la quête qu'ils s'étaient promis d'honorer.....


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